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Endurance en Montagne Ardéchoise

Réedition: les petites satisfactions ou mon premier gros marché

7 Décembre 2017 , Rédigé par Le Bourrin Ardéchois Publié dans #Divers

Marché de Digne les Bains, samedi 20 octobre 2012

Les petites satisfactions

 

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Il fut éprouvant, mon premier gros marché en solitaire, ce matin à Digne. L'instruction passe par l'épreuve.
A commencer par la définfition de la production, l'avant-veille. Déjà difficile et incertaine de par une certaine versatilité de la clientèle, et c'est heureux, les tentatives d'interprétations des résultats précédents se heurtaient à un lourd paramêtre: la météo, prévisions à la pluie. De plus, il est évident qu'une simple accalmie d'une heure modifierait grandement la fréquentation du marché, et que la prévoir relevait pour beaucoup du hasard. Notre inexpérience rendait peu prévisible aussi la présence "quoi qu'il arrive" de nos habitués.
Il seront là. Du pain manquera.
Ainsi donc mon départ précoce dès 5h30 (après avoir fini de charger le camion) me permet une arrivée assez fluide devant la place du "Pain d'Auzet". Pour un déchargement sportif sous une bonne averse. Monter le parasol, attacher les bâches, moyennement adaptées, monter la table, la vitrine, sortir les bacs de pains et autres viennoiseries et sablés avec l'obsession de les garder au sec, sortir les accessoires, ne rien détériorer, respecter le travail semblable des voisins, la concentration ajoutée à l'effort au service d'une bonne organisation, c'est plutôt amusant. Tant que ça se passe bien.
Ca se passe bien, et vite pour libérer le passage.
La garde du stand laissée aux bons soins d'un voisin, la solidarité entretenue par quelques gestes de soutien, il faut maintenant aller garer le camion. Un parking est plus ou moins réservé aux forains. Il y a de la place. Une seule ce matin. Sinon? Je ne sais pas.

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Retour sur la place du marché. En arrivant, je me régale du ballet de l'installation des divers commerçants.

Manoeuvres, déballages, présentation, il y a là une splendide gestuelle que j'invite tout un chacun à aller voir une fois: prévoir une bonne heure de 6h30 à 7h30.
La politesse y est essentielle. Un peu de gaité aussi, "la gaité est une politesse" disait Voltaire. Dans une situation complexe où les risques de petits et même gros conflits d'intérêts sont omniprésents, son caractère de fluidification des relations est bien perçu et s'exprime par nombre de petits gestes, sourires et regards. Malgré les affairements actifs des uns et des autres.
Les tensions restent grandes, internes pour la plupart. Très visibles chez les moins expérimentés, et mon Henri de voisin, éleveur et cultivateur, de se délecter de mon stress. Une grand merci pour tes taquineries, ton regard. Précieux, très précieux. Tout comme ton aide quand un quart d'heure de coup de vent succédant à la pluie vint faire valser les bâches au-dessus des pains au moment d'un afflux de clientèle. Baptême du (coup de) feu. L'eau et le feu.
Sympas dans l'ensemble, les relations avec les clients. Dont je commence à connaitre la majorité constituée des réguliers. Ils aiment nos pains. Notre premier défi est d'être à la hauteur, durablement.
Quelques-uns expriment leur satisfaction. Blancs, de campagne, à la farine locale (bise, de blé, cultivée et moulue à St-Jean-Montclar), complet, de petit épeautre, avec des graines, aux fruits secs, sous différentes formes, le plaisir de la vente de sa production est un vrai beau moment de ce métier. Production en fermentation lente, avec de nombreux gestes, au levain, tout bio et sans améliorants, dans les règles de l'art pourrait-on dire. Plaisir accru à la vente.

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La tenue du stand ne laisse aucun répit, et à 11h, la fatigue devient grande.

Une mère arrive avec son fils, de l'âge du mien. Il saisit un morceau de pogne proposé à la dégustation. Mon attention est tournée vers un autre client. Il s'agit de la pogne d'Auzet, qui ressemble à celle de Romans et dont notre recette n'est pas encore fixée. Un de nos deux produits propres à ce jour. Il y a un mois, nous n'en avions aucun. Je ne savais pas faire de la pogne, bien que cela faisait des décennies que ça me tentait. Il y a trois mois, mon savoir-faire professionnel se limitait à l'enseignement des mathématiques à des adolescents et des jeunes adultes; ce qui n'est pas rien, et je profite de l'occasion pour dire que vous me manquez. Le virage est grand.
D'entendre l'enfant dire à sa maman, à voix basse, exclusivement à elle, que la pogne qu'il mâche est "super bonne", et de le répéter, en vain, pour qu'elle en demande une vraie grosse part, restera le grand moment du jour. Les larmes m'en sont venues aux yeux. Ca n'est peut-être pas passé inaperçu.
Mon petit gars, tu ne sauras jamais la valeur du petit plaisir que tu m'as fait aujourd'hui.

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Commentaires  

0 #1 flogrimpeur samedi 29 septembre 2012 22:10

Très bel article !
Cela fait envie...
Si je passe dans le 04, je saurai où faire une halte: à la boulangerie Le pain d'Auzet.

Bonne continuation.

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#1.1 Patrick Bernard dimanche 30 septembre 2012 06:30

Si c'est à vélo, il va falloir que tu passes aux longues distances!

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0 #2 LEBLANC Daniel samedi 29 septembre 2012 23:12

Bonjour Patrick

Ma petite fille de 5 ans adore le pain, elle dit souvent que c'est meilleur qu'un gâteau.

J'espère l'emmener dans ta boulangerie déguster les merveilles que tu nous mets maintenant sous le nez en images.

J' ai été surpris de ta reconversion vers un métier aussi artisanal que difficile ds le contexte actuel. Le côté économique est oppressant de suite et le poids de l'administratif pour qui n'y est pas préparé est souvent insupportable (quoique ds l'éducation nationale, tu as du connaître aussi de belles lourdeurs...) mais rien n'arrête celui qui a envie d'entreprendre.

Quoiqu'il en soit, je te souhaite une réussite totale ds ce beau métier odorant et continue à mélanger si tu en as le temps bien sûr, récits de tes chevauchées à la pédale et commentaires aussi émouvants et alléchants que celui d'aujourd'hui.

Bien cordialement.

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#2.1 Patrick Bernard dimanche 30 septembre 2012 06:33

Ta petite fille ira loin!

Je compte bien poursuivre une activité cycliste importante.

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0 #3 isabelle dimanche 30 septembre 2012 18:58

Coucou très cher artisan,

Le coup de plume de ton récit nous laisse savourer la qualité de ton article et nous met vraiment l'eau à la bouche! On baigne dans l'ambiance du marché et on est subjugué par l'amour que tu as de ton nouveau métier.
J'ai initié Eric il y a quelques années à faire ses emplettes au marché qui se trouve pas très loin de chez nous. Depuis, c'est devenu un rendez-vous hebdomadaire.
Quel travail de petites fourmis tout de même!!! Sauf que la colonie est parfois bien seule, tu en es la preuve. Tu nous retraces bien les différentes tâches incontournables à accomplir en coulisse on va dire. Et pas question de baisser les bras en cours de route. Je pense à cela car ce matin, j'ai renoncé à aller au bout des Cîmes du lac à Annecy. Je m'étais engagée sur le 133 kms, col du Semnoz bien monté, mais dès les 300 premiers mètres de la descente, pluie cinglante, route détrempée... l'organisme a très vite souffert du froid. Sachant que les prévisions météo n'étaient pas favorables, et que je pouvais encore rebrousser chemin à cet endroit précis du parcours, plus tard se serait trop compliqué, j'ai donc préféré abandonner, aux grands regrets d'Eric. D'autres ont fait le même choix que moi. Ceux qui ont terminé ont fait preuve de courage!!! J'ai pensé à toi pendant l'ascension car même si je te sais guerrier, comme je t'avais invité à venir nous rejoindre, je me disais que tu n'avais rien perdu.
C'est donc un vrai plaisir de te lire, une fois douchée et au sec. Je ne pense pas avoir eu l'occasion de te féliciter, la vitrine que tu présentes sur ton blog est sublime!!!! Compliments bien sincères! Il ne reste plus qu'à goûter.... Je partage l'avis de la petite fille, un bon pain se déguste comme un gâteau. J'imagine que les cyclistes qui surveillent leur ligne afin de mieux grimper rêvent comme moi de croquer ton bon pain.
Eric me souffle les mots de la fin: "Article super, nous aussi avons eu la larme à l'oeil".

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#3.1 Patrick Bernard dimanche 30 septembre 2012 21:37

Une cyclo de montagne sous la pluie, il y a longtemps que j'en suis à "à quoi bon?". J'en ai vécu deux dantesques, la Jeannie Longo en Chartreuse 1988 et l'Ardéchoise 1992, ça suffira à ma carrière. En revanche, bien équipé, une balade par mauvaises conditions pourraient encore me plaire. Je n'ai pas pensé à vous aujourd'hui parce que j'avais oublié, je le fais a posteriori!

Eric a-t-il assisté à la mise en place du marché? Si non, je l'y invite. Tôt.

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0 #4 isabelle lundi 1 octobre 2012 15:20

Eric doit laver les vélos dans la soirée, mais je n'oublierai pas de lui poser la question.
Je sais simplement qu'en "sortant" de sa nuit, il passe directement au marché avant de rentrer à la maison, vers 7h15 et que c'est branle-bas de combat, essentiellement pour les primeurs. Ceux qui ont la chance de pouvoir vendre directement depuis leur camion, c'est une grosse économie de manutention! C'est le cas du boucher, du fromager... mais je ne dis pas que c'est tout cuit, j'imagine une partie de la mise en place qu'ils doivent faire au préalable, laver et aseptiser les étales.... Sacré boulot de gens volontaires au travail.

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#4.1 Patrick Bernard mardi 2 octobre 2012 05:48

A 7h15, on est bien dans l'ambiance de pré-marché!

Tu as raison, le nettoyage et le rangement dans les règles de l'hygiène doit demander pas mal de rigueur, d'énergie et d'organisation dans la fromagerie et beaucoup plus encore la boucherie.

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0 #5 Olivier D. mercredi 3 octobre 2012 18:55

Super article.
On a l'impression d'être passé sur ce marché là. On ressent parfaitement l'atmosphère et... les émotions.

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#5.1 Patrick Bernard jeudi 4 octobre 2012 12:46

Merci Duduche.

La saison a donc encore été bien pleine. Le Massif Central sera certainement une très bonne destination pour des stages future. Tu te souviens qu'il y a deux ans, notre projet de boulangerie visait les Cévennes.

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0 #6 Olivier D. jeudi 4 octobre 2012 14:12

Oui je me souviens bien de votre projet dans les Cévennes. Je t'avoue qu'égoïstement j'aurais préféré; -)

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#6.1 Patrick Bernard jeudi 4 octobre 2012 20:58

Les Cévennes avaient du bon, beaucoup. Les Alpes de Haute Provence, c'est plutôt pas mal.

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0 #7 Brigitte Creton samedi 6 octobre 2012 11:52

Un article différent, très intéressant et touchant. J'ai beaucoup aimé !

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#7.1 Patrick Bernard samedi 6 octobre 2012 13:23

Ca en fait des changements avec l'enseignement.

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Marché de Digne-les-Bains, samedi 20 octobre 2012

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