Sortie trail: Mayres - Serre de Mouton (Chaumienne)

8 Août 2018 , Rédigé par Le Bourrin Ardéchois Publié dans #Sorties course à pied

La Tour de Montlaur devant le Rocher d'Abraham

Centième article du blog, créé début avril 2015.

Enfoncée à l'altitude 575 m au bout du sillon creusée par l'Ardèche, torrent en amont, rivière en aval, au pied de l'abrupte côte de la Chavade qui débouche sur les grands plateaux auvergnats, la commune de Mayres a bénéficié de sa situation de passage naturel pour connaitre activité et prospérité du Moyen-âge à la Grande Guerre. La proximité de la très active petite ville de Thueyts et un remarquable dynamisme, notamment entretenu par l'association "Les Amis de Mayres", lui permet de résister au déclin des fonds de vallées à grande circulation, comme par exemple la Vallée de la Romanche en Isère. il est cependant difficile au randonneur d'imaginer la vie qu'a pu connaitre feu la ville de Mayres.

On y dénombrait quelques 2500 habitants de 1830 à 1900. Il y en avait 1800 à la Révolution Française, quand la France en comptait 28 millions. Il reste 250 personnes au village, alors que la population du pays est passée à 67 millions. Ils étaient à peu près aussi nombreux à Thueyts au XIXème siècle, il en reste 1250 aujourd'hui.

Au Moyen-âge, Mayres vivait, dans une certaine autonomie, de ses cultures, seigle, châtaignes et noix, moulinés à la force hydraulique de l'Ardèche, et du tissage. En paix, sous la protection, et l'impôt, de la famille Montlaur, échangeant avec le Plateau plus qu'avec la Plaine Albenassienne. Elle exploitait le passage des voyageurs sur la route de l'Auvergne, ou en revenant, par le péage bien sûr, le gîte et le couvert, lequel transit se faisait souvent par la crête montant de Thueyts par le Fenadou, ou y plongeant, par le hameau relais de Chaumienne, à 1300 m d'altitude, aujourd'hui en ruines.

Les Montlaur avaient fait construire le Château portant leur nom sur le piton de St Médard, qui domine ce qui est devenu le chef-lieu, à proximité du Vieux Mayres auparavant le centre de vie. Le Château et sa tour servaient essentiellement de forteresse stratégique de défense dans laquelle logeait une compagnie d'une vingtaine d'hommes, par bonheur à l'action le plus souvent dissuasive. Les ruines de ce château, et la restaurée Chapelle St Médard le jouxtant, éternelle association de la seigneurie et du clergé, sont au centre de tout un réseau de chemins nous parvenant de cette époque, ceux qui ont été sauvegardés donc pratiqués grâce notamment à l'association sus-citée. De nombreux autres ont malheureusement disparus, ayant laissé quelques vestiges qui à leur rencontre permettent à l'imaginaire de s'offrir un petit voyage dans le passé.

J'ai toujours perçu ce type de connaissances comme apportant un supplément d'âme au randonneur sportif et solitaire qui ne se lasse pas de parcourir son monde, dont, question de choix et de circonstances, un des endroits privilégiés est justement la Haute Vallée de l'Ardèche.

Au départ de Mayres, des randonnées sportives versant Ubac de l'Ardèche ont déjà été décrites sur ce site.

- Le sommet des Valadoux par le Col des Pergeyres.

- La Tour des Poignets par le Col des Taillades

- Le Rocher d'Abraham par le Passadou et le Col d'Abraham

- Le Rocher d'Abraham par le Ruisseau d'Abraham

Versant Adret, une présentation de la montée au Plateau de Cocu par le Col de la Croix de Chaumienne viendra. D'autres sorties ont été accomplies par l'auteur, notamment plus en aval et plus en amont. Ce sera la montée au Rocher Girat ou Serre de Mouton qui fera l'objet des itinéraires du jour.

La grimpée classique part du coeur du village, quelques mètres en amont du pont sur l'Ardèche, par une ruelle étroite au départ de laquelle est déclenché le chronomètre du sportif en quête de mesure d'effort. C'est là.

Passés quelques dizaines de mètres pour sortir du village, elle grimpe sévèrement un premier coteau par de sympathiques lacets en sous-bois de châtaigners et fayards, duquel on sort pour une première traversée herbeuse vallonnée en corniche du village, sur lequel se porte immanquablement le regard.

Vient le premier embranchement, un carrefour, où arrivent le sentier de la Ste Croix et celui du Buisson, pour une montée commune irrégulière sur une crête offrant de magnifiques points de vue vers les sommet des deux versants, dont l'objectif du jour.

Une dizaine de minutes plus loin se présente l'embranchement de Peyralade et Montlaur, sentier descendant qu'on laisse à gauche pour grimper durement la montagne du Serre de Mouton, d'abord pleine pente, puis, après quelques vallonnements, en surprenants lacets empierrés. Impossible de ne pas ressentir le travail exceptionnel fourni pour créer cet itinéraire vers l'ancien hameau de Chaumienne, lien à l'époque certainement très précieux. Il a du en passer du monde, ici!

Nous sommes aux deux tiers de l'élévation quand ce chemin entreprend une longue traversée sous la montagne, peu pentue mais à l'empierrement forçant plus encore l'admiration. Il demande un peu de prudence jusqu'au virage marquant son terme, quand se présente le raide et long ressaut terminal jusqu'au Rocher Girat, et un peu plus haut encore le sommet de Serre de Mouton où s'achève la grimpée.

Une montée originale prend son départ un peu en aval à la passerelle du Chambon, par le sentier de la Sainte Croix qui rejoint l'itinéraire classique au premier carrefour sus-nommé. Sympa, le sentier est le 7 août 2018 un soupçon moins bon que le classique. C'est ici.

Pour ce qui est de la redescente, j'ai ce jour enfin cédé à la tentation du chemin de la crête descendant directement sur le Château des Montlaur. 1h30 de galère pour deux kilomètres très pénibles dans les broussailles, genêts, ronces et, horreur, pyracanthas, en short bien entendu, le tout cachant des pierres, on ne m'y reprendra pas... Pourtant, il est évident qu'il fût un temps où le sentier était très bon, quotidiennement emprunté, avec chargement souvent, hommes et bêtes... Maintenant et maintenant seulement, je sais qu'il fait partie d'un passé révolu; preuve par l'épreuve. Le monde change tellement vite, là aussi.

Descendre par la Croix de Chaumienne, le Vieux Mayres, enfin le Château de Montlaur ou Aleyrac est une bonne idée, pour un itinéraire plus long qu'un demi-tour par la voie directe.

La carte